La croix de San Julian!


Dans la baie de San Julian, au sud de l'Argentine, se dresse depuis 5 siècles une grande croix...
qui témoigne de terribles drames !


En 1978, le navigateur anglais Francis Drake, ancien corsaire chargé par la Reine Elisabeth I de s'emparer des possessions espagnoles sur la côte pacifique, fut amené à renouveler l'exploit effectué 57 ans auparavant par Magellan, c'est-à-dire un tour du monde par l'Ouest.
Après une traversée de l'Atlantique mouvementée, au cours de laquelle il perdit 2 navires dans une tempête mais en captura 3 autres (2 portugais et un espagnol), il choisit de faire escale pour passer l'hiver dans la baie de San Julian, comme l'avait fait son prédecesseur
Il y découvrit la grande croix dressée par Magellan 57 ans plus tôt, au pied de laquelle se trouvaient de sinistres ossements.
Il fit exécuter en ce lieu l'aristocrate Thomas Doughty, qui avait tenté de susciter une mutinerie parmi les 164 hommes d'équipage armant les 5 navires de l'expédition.
Le squelette de ce dernier s'ajouta donc à ceux qui s'amoncelaient déjà en ce lieu....

Le navigateur portugais Fernao de Magalhaes fut commissionné par l'Empereur et Roi d'Espagne Charles Quint.
Sa lettre de mission lui enjoignait de trouver une route vers les riches iles Molucques en passant par l'Ouest
Il s'agissait de trouver un nouveau chemin vers le fabuleux monde des épices, la route de l'Est étant alors chasse gardée des Portugais.
Magellan partit de Sevilla avec une armada composée de 5 navires et 237 hommes en août 1519
L'équipage était hétéroclite, composé pour partie de Portugais (41), pour partie d'Espagnols (139), de Français, Grecs, Italiens, Maltais, etc, ce qui suscita vite de grandes tensions.
Magellan commandait lui-même le Trinidad; les 4 autres navires étaient commandés par des seigneurs espagnols, dont :
- Gaspar de Quesada sur le Concepcion
- Juan de Cartagena sur le San Antonio
- Luis de Mendoza sur le Victoria
- Juan Serrano sur le Santiago


Consécutivement à une première tentative de mutinerie, Juan de Cartagena, Grand d'Espagne et neveu de l'Evêque de Burgos, fut relevé de son commandement.

Fin mars 1520, Magellan ne voulant pas affronter les grands froids de l'hiver austral plus au sud avec un équipage déjà épuisé par les terribles privations endurées, au bord de la révolte, décida d'hiverner dans la baie de San Julian, par 49° de latitude sud (Patagonie).

Mais la rebellion qu'il voulait eviter eut lieu cependant, animée par les capitaines escpagnols.

Après une lutte incertaine, qui vit la mort de Mendoza, Magellan prit le dessus sur les mutins, et décida de sanctions exemplaires :

Gaspar de Quesada fut condamné à mort et exécuté.
Juan de Cartagena ne pouvant être condamné à mort, du fait de son statut de Grand d'Espagne, fut abandonné sur ce lieu inhospitalier
ce qui le condamnait de fait à mourir de faim et de froid.
Le père Pedro Sanchez de la Reyna, qui avait soutenu la mutinerie, fut condamné au même sort.
Les autres mutins vaincus subirent de sévères châtiments corporels, puis furent amnistiés, car le voyage n'aurait pas pu se poursuivre sans eux, étant donné qu'ils constituaient le cinquième de l'équipage.

Ce sont les ossements de ces trois personnages que découvrit 57 ans plus tard Francis Drake

Par la suite, Magellan réussit à concrétiser son projet en entrant dans le Pacifique par le canal qui porte son nom avec 4 navires, le San Antonio ayant déserté entretemps.

Cependant, Magellan perdit la vie aux Philippines lors d'une attaque des Indigènes
Ce sont finalement 18 rescapés seulement, commandés par Sebastian El Cano, un ancien mutin amnistié, qui réussirent à regagner Sevilla en septembre 1522, après avoir réalisé le premier tour du monde de l'Histoire !
Encore convient-il de préciser que le désastre financier qui conclut l'expédition ne permit pas de payer aux survivants et aux veuves les arriérés de solde ou pensions dus !

Parmi les survivants, le chroniqueur vénitien Antonio Pigafetta à qui l'on doit le récit de l'épopée...

Quant à Francis Drake, après être sorti du canal de Magellan comme son prédecesseur l'avait fait 57 ans auparavant, il fut pris dans le Pacifique par une violente tempête qui le drossa vers le sud-est et l'amena contre son gré sous le Cap Horn.
C'est ainsi que, sans l'avoir voulu, Francis Drake fut le premier homme au monde à relever l'existence de ce cap mythique.
En 1988, il s'illustra en détruisant la Gran Armada constituée par Charles Quint pour aller opérer un débarquement en Angleterre
Et ses exploits lui permirent de se voir annobli par la Reine !