Splendeur et déchéance
Le fascinant destin de Lady Hamilton


On a dit d'elle qu'elle était la plus belle femme de son époque !
Pourtant, sa vie avait bien mal commencé
Son père, un forgeron gallois, ou un mineur gallois, selon les sources, mourut lorsqu'elle avait à peine 2 mois, ou un an, selon les sources
Elle connut alors une véritable vie de misère, ballotée entre sa mère et sa grand-mère, jusqu'à l'âge de 15 ans...

c'était ....
Lady Hamilton !

De son vrai nom Amy Lyons.. Puis on la vit arpenter les trottoirs humides et malodorants de Londres, tentant de subsister grâce à l'exercice du plus vieux métier du monde, comme beaucoup de ses malheureuses consoeurs.
Les garçons , quant à eux, avaient souvent pour seul horizon d'être embarqués de force sur un navire de sa Majesté pour y devenir marin, métier réputé plus dur que celui de forçat.

Amy Lyons fut même mère à l'âge de 17 ans d'une petite fille dont elle confia l'éducation à sa propre mère, et dont on ne sait trop ce qu'elle est devenue par la suite...

Mais heureusement pour Amy, elle fut bientôt remarquée par un baronnet, qui la prit à son service exclusif, ce qui l'amena à côtoyer un certain milieu aristocratique

Par la suite, elle passa au service de Sir Greville, un riche notable, qui remarquant sa vive intelligence et sa capacité d'adaptation, décida de prendre en main son éducation, et lui apprit à lire et à écrire, ce qui lui permit de continuer à s'élever socialement pour devenir en quelque sorte une femme du monde.
Mais Sir Greville était déjà marié et ne souhaitant pas divorcer , essentiellement pour des raisons financières, il préféra envoyer la jeune femme, qu'il avait fait renommer Emma Hart, auprès de son oncle, Lord Hamilton, qui venait de devenir veuf, et qui était alors ambassadeur d'Angleterre à Naples !

A Naples, capitale du royaume des Deux-Siciles, allié de l'Angleterre contre la France révolutionnaire, Emma Hart devint officiellement Lady Hamilton, après avoir épousé l'ambassadeur en 1791.
Dès lors, elle fut aspirée par le faste de la belle Société et de la Cour Royale, que la compagnie de Lord Hamilton devait inévitablement l'amener à fréquenter.
Elle devint même l'amie intime de la Reine Marie-Caroline, soeur de Marie-Antoinette, Reine de France, et épouse du Roi Ferdinant IV dont les somptueux palais se comptaient par dizaines, le plus magnifique d'entre eux étant celui de Caserta, copie quasi-perfaite du château de Versailles, avec la mer et le soleil en plus.

C'est en 1798 que survint un événement extraordinaire : l'Amiral Horatio Nelson débarqua à Naples, tout auréolé de la prestigieuse victoire navale qu'il venait de remporter à Aboukir, qui lui avait permis de détruire la flotte française ennemie qui avait amené Napoleon en Egypte.
Lady Hamiltion, fascinée par ce personnage qui était alors une légende vivante pour toute l'Angleterre, tomba immédiatement amoureuse de lui.
Il n'avait pourtant rien d'un Apollon, ayant perdu un bras et un oeil lors de précédentes batailles navales, ainsi que plusieurs dents du fait du scorbut, qui frappait inévitablement les marins souffrant du manque de vitamines durant leurs longues croisières.

Un étrange ménage à trois s'établit alors entre l'Amiral, Lady Hamilton et l'ambassadeur, qui du reste, essentiellement passionné d'archéologie et admirateur fanatique de Nelson, comme tout bon Anglais, préférait manifestement faire semblant de ne rien voir

Quelques mois plus tard, en janvier 1799, un autre événement survint : le général Championnet, commandité par le Directoire pour s'emparer des Etats Pontificaux et repousser la présence anglaise en Italie du Sud, occupa Naples avec ses troupes ; mais peu après, il fut remplacé par MacDonald et sa division fut redeployée sur un autre front
Des émeutiers profitèrent de ce retrait pour déclencher une Révolution, qui se traduisit par d'épouvantables exactions. Entretemps, La famille royale, chassée par l'intrusion française, avait dû fuir pour aller se réfugier en Sicile. Au cours de la traversée, effectuée sur un bateau fourni par Nelson, une terrible tempête eut lieu , et un des 18 enfants de Marie-Caroline mourut dans les bras de Lady Hamilton
Le navire put arriver finalement à Palerme balayée par la neige, avec son équipage et ses passagers très éprouvés
Puis une contre-révolution eut lieu, les révolutionnaires insurgés durent fuir, et la Monarchie put reprendre sa place et se reinstaller, après ce terible épisode qui se conclut par un nouveau cycle de répression et exactions.
Peu après, en 1800, Lord Hamilton fut rappelé à Londres, et le ménage à trois se renforma dans la campagne anglaise, du moins jusqu'à la mort de l'ex-ambassadeur, en 1803

Malheureusement, en 1805, la guerre qui n'avait en fait jamais cessé, s' étendit à toute l'Europe.
Horatio Nelson qui avait été rappelé au service perdit la vie à l'issue de la bataille de Trafalgar, en 1805, bien que celle-ci se soit soldée par une nouvelle victoire totale de sa part

Dès lors, pour Lady Hamilton, ce fut le début de la chute. Une chute irrémédiable et définitive
Lord Hamilton n'avait rien prévu pour elle dans son testament, réservant ses biens à son neveu Sir Greville, pas plus que Nelson avec qui elle n'avait en fait jamais été mariée, et dont elle avait cependant eu une fille, Horatia, née en 1801.

Lady Hamilton replongea avec Horatia dans la misère qu'elle avait connu à ses débuts.
Elle finit par être contrainte de s'exiler dans le pays traditionnellement ennemi, la France, où elle mourut, malade et alcoolique, dans le dénuement le plus total, en 1815 à Calais, à l'âge de 49 ans
Horatia lui survécut, mais juste pour entamer à son tour une triste vie de galère.




Le HMS Victory, navire de l'amiral Nelson