On dit que Hernan Cortes débarqua avec 500 hommes, 16 chevaux et 10 canons et que cela lui suffit pour conquérir le Mexique, alors peuplé de 18 millions d'habitants !
Mais est-ce si simple ?
Comme tout colonisateur, Cortès n' at-il pas eu pour principales alliées les divisions et les haines féroces qu'entretenaient et nourrissaient les tribus indiennes les unes à l'égard des autres,
certains Indigènes n'hésitant pas à se ranger de son côté contre leurs présumés frères ?
D'ailleurs, les principaux ennemis de Cortes lui-même ne furent-ils pas non les Indigènes, mais les traitres, les jaloux, les envieux,
ses chefs même, à commencer par le premier d'entre eux, l'Empereur Charles-Quint dont il dut subir la vindicte en raison de ses volontés d'autonomie ?
Cortès, né à Medellin dans une famille noble et lettrée, opta très tôt pour l'air du large.
C'est en 1504, à l'âge de 19 ans, qu'il décida de partir pour Santo Domingo.
En 1511 il participa à la conquête de Cuba comme secrétaire du Gouverneur Diego Velasquez.
Il fonda la ville de Baracoa, puis celle de Santiago, dont il devint le premier Maire, grâce à son charisme.
Partisan des idées humanistes de Bartolomeo de Las Casas, Cortès décida d'adopter une ligne pro-indigène et de prendre le parti des Indiens contre la Couronne espagnole, ce qui devait l'amener à
essayer de s'en détacher et à agir de façon autonome et indépendante.
En fait, cela était rendu nécessaire par le désir qu'il avait de ne pas renouveler au Mexique les génocides
et substitutions de population qui avaient été si malheureusement perpétrés aux Antilles.
Il commença par armer une flotte de 10 vaisseaux et à se lancer en 1519 pour un voyage sans retour.
En signal d'alliance, après une première victoire obtenue à Centla, à la frontière de l'Empire aztèque, il reçut 20 femmes de la part des autochtones, pratique courante chez ces populations.
Cortès fit baptiser ces femmes et les offrit comme épouses à ses lieutenants.
Il en garda cependant une pour lui, connue sous le nom de Malinche, qui lui restera constamment fidèle, n'hésitant pas à trahir à son avantage les Indiens portés à la rebellion.
C'est ainsi qu'on lui attribue le fait d'avoir dénoncé un groupe d'Indigènes, dont elle avait appris qu'ils projetaient secrètement
une attaque surprise du camp de Cortès : les malheureux furent tous massacrés préventivement.
Reprenant les voiles, Le 21 avril 1519 Cortès débarqua avec 500 hommes, 16 chevaux et 10 canons (ou bombardes ?) pour fonder la ville de Vera Cruz.
Puis il se fit élire par ses hommes Capitaine Général de l'embryon d'Etat qu'il avait constitué,
affichant de ce fait autant son indépendance par rapport à la Couronne espagnole, que son désir de s'implanter durablement au détriment de l'Empereur aztèque Moctezuma.
Refusant les cadeaux offerts par les émissaires de ce dernier en guise d'invitation au départ, il marcha alors vers la capitale Mexico (Tenochtitlan) qu'il atteint
à l'issue de deux batailles victorieuses livrées à Tlaxcala et Cholula.
Après une brève période de coexistnce pacifique, la situation dégénéra par suite d'une tuerie perpétrée dans un Temple par un de ses lieutenants, Pedro de Alvarado.
Moctezuma fut d'abord assassiné par les siens, puis le 30 juin 1530, les Espagnols furent chassés par les armes.
Ne se déclarant pas vaincu, Cortès assiégea Mexico et le 13 août 1521 le nouveau souverain Cuauhtemoc remit sa soumission.
Puis Cortès se lança à la conquête totale du pays, et il lui suffit de 4 ans pour s'emparer de la totalité de l'immense Empire aztèque.
Avant de lancer une audacieuse expédition au Honduras, au coeur du pays Maya.
Puis de découvrir la Californie, en 1535.
Et de lancer une autre expédition vers Panama, en 1537.
Comment est-il possible qu'une poignée de soudards, avançant en terre inconnue, sans parler les langues locales, aient pu parvenir à contrôler en si peu de temps un territoire aussi vaste, peuplé de 18 millions d'hommes ?
Diverses explications ont été évoquées par les historiens :
Divisions des Indigènes, dont certaines tribus se sont mises au service de l'occupant, contre d'autres tribus, comme il est classique dans tout phénomène de colonisation.
La supériorité de l'armement européen
Le fait qu'à l'arrivée des Espagnols, la société indigène était déjà en fait minée de l'intérieur,
avec des sentiments sécessionnistes dans certaines strates de la société,
des ferments de révolte que Cortès a su exploiter
L'armée de Cortès n'était de ce fait pas constituée de 500 hommes comme on se plait à le dire, mais de masses d'hommes considérables prélevées dans les provinces récalcitrantes à l'impôt étatique
Le renfort de troupes autochtones vint principalement de deux tribus alliées, les Totonaques et les Tlaxcaltèques.
Tout simplement l'extraordinaire personnalité de Cortès lui-même, qui sut très vite comprendre l'âme et la mentalité indigènes.
Contrairement à la plupart des Conquistadors, qui connurent une fin tragique, Cortès mourut dans son lit, le 2 décembre 1547, à l'âge de 62 ans, à Sevilla et non au Mexique comme il le souhaitait.
