Des cachots de la guillotine....à la couronne d'Impératrice !


Marie-Josèphe-Rose de la Pagerie, dite Joséphine, fille de riches Créoles martiniquais, quitta son ile natale pour aller épouser en France le vicomte Alexandre de Beauharnais, à l'âge de 16 ans
Ce dernier sera élu député aux Etats Généraux en 1789, puis deviendra en 1790 Président de l'Assemblée Constituante
Mais lors de la grande tourmente révolutionnaire qui agita cette période tragique et envoya plus de 4000 personnes à l'échafaud, il fut arrêté en 1794 et incarcéré à la terrible prison des Carmes avec son épouse Joséphine, dont il était alors cependant en instance de divorce.
On dit que dans cette prison, Alexandre ne se priva pas de se livrer ouvertement à son activité favorite, qui était de courtiser les femmes, ce que lui permettait précisément de faire en toute liberté l'évolution de sa situation matrimoniale .
L'Histoire a même retenu le nom de celle qui était alors l'objet de toutes ses attentions: Madame de Custines
C'est ainsi que la plupart des détenus occupaient leur temps, dans l'attente plus que probable de la condamnation qui devait les conduire directement à l'échafaud.

L'Histoire prétend aussi que chaque matin, un géôlier entouré de gardes au regard farouche pénétrait dans les immenses salles glaciales où s'agglutinaient les malheureux et égrenait une liste de noms :
Les noms de ceux que la charrette des proscrits attendait au bas de la prison, pour le dernier voyage.
Le 26 juillet 1794, le sinistre personnage épela la liste de noms traditionnelle, et articula soudain :

Beauharnais !

Il ne savait évidemment pas que deux personnes répondaient à ce nom dans la salle lugubre.
On dit qu'alors Alexandre de Beauharnais se leva, passa devant sa femme dont il était - rappelons-le - en instance de divorce, s'inclina devant elle et déclara :

Permettez, Madame, que pour une fois je passe devant !

Puis il se dirigea d'un pas assuré vers le sort tragique qui l'attendait.
Le géôlier ayant eu son quota de noms, et une personne devant chaque nom, - savait-il d'ailleurs bien lire ? - n'en demanda pas plus et les gardes accompagnèrent le malheureux troupeau vers son triste destin.

Par un miracle quasiment inespéré - dû probablement à l'action secrète du député Barras, ou de Tallien, qui avaient été de fervents et assidus soupirants de la belle Créole, celle-ci fut cependant libérée quelques jours après.
Elle fréquenta alors les salons à la mode, notamment celui de Theresa Cabarrus, épouse Tallien, où sa beauté fit sensation et lui attira maintes sympathies.
C'est dans ces circonstances qu'elle rencontra un jeune Général du nom de Buonaparte, qu'elle épousa le 9 mars 1796.

8 ans plus tard, le 2 décembre 1804, Buonaparte fut sacré Empereur des Français, et Joséphine de Beauharnais, celle-là même qui était passée à deux doigts de la guillotine, devenait par la même occasion

Impératrice des Français !

La femme coquette et futile, dépensière et perpétuellement endettée dont on dit qu'elle avait accumulé 697 paires de chaussures de luxe, entre autres palais et châteaux, fut répudiée en 1809 mais continua sa vie de faste et frivolité.
Le fils qu'elle avait eu d'Alexandre, connu par l'Histoire sous le nom de Prince Eugène, devint un fidèle et loyal serviteur de Napoleon et participa à ce titre à la première grande dévastation de l'Europe au cours des furieuses guerres napoleoniennes, où il joua un rôle important, promu au grade d'officier général par son beau-père qui l'avait quasiment adopté.