Titus, le délice du genre humain



Le fils aîné de Vespasien, Titus, lui succéda à sa mort, en l'an 79.

On craignait de trouver en Titus un autre Neron, car en plusieurs circonstances il s'était montré dur jusqu'à la cruauté.
Il mérita au contraire d'être surnommé le délice du genre humain.


L'écrivain Suetone illustre cet aspect de la personnalité de Titus :

S'étant une fois souvenu à souper qu'il n'avait accordé aucune grâce au cours de la journée, il prononça cette parole mémorable et si justement vantée:
Mes amis, j'ai perdu ma journée....
Il ne fut ni l'auteur ni le complice de la mort de personne, quoiqu'il eut parfois l'occasion de se venger, mais il jurait qu'il périrait plutôt que de faire périr qui que ce fût.
Quand le bruit de sa mort se fut répandu, tous les citoyens le pleurèrent comme s'ils avaient perdu un parent.

Malheureusement, Titus tomba malade et mourut (en 81).
Ce règne si court avait été attristé par les plus grandes calamités : un terrible incendie, puis la peste ravagèrent Rome ; enfin une éruption du Vésuve ensevelit sous les cendres ou les laves les trois villes de Pompei, Herculanum et Stabies (79).

Cette vision idyllique du personnage de Titus ne fut probablement pas partagée par les habitants de la Judée :


L'Empereur Vespasien, le père de Titus, avait aisément brisé un mouvement d'insurrection en Gaule, dirigé par un Batave devenu officier romain, Civilis.
Mais il fut beaucoup plus difficile de pacifier la Judée révoltée, parce que la révolte y prit le caractère d'un soulèvement national et d'une guerre de religion.
Après avoir formé un royaume ami de Rome, la Judée avait été annexée à l'Empire ; elle était administrée par un procurateur.

Dans le chapitre intitulé De bello Judaico (La guerre des Juifs) de ses mémoires, Vespasien raconte :

Mais les Juifs, d'humeur indépendante et très susceptibles du point de vue religieux, supportaient avec impatience la domination romaine

... et aussi le despotisme et les exactions des procurateurs.
Bien que très divisés entre eux par les passions religieuses, ils s'unirent pour secouer le joug romain.
La révolte éclata sous le règne de Neron en l'an 66.
Quatre années d'une guerre sauvage et sans merci furent nécessaires pour en venir à bout. Le gouverneur de Syrie ayant été battu par les révoltés, on envoya contre eux une armée de 60000 hommes commandée par Vespasien. Celui-ci, secondé par le général Flavius Sylva, reconquit méthodiquement la Judée, puis entreprit le siège de Jerusalem dont il confia ensuite la direction à Titus.
Après une résistance acharnée de cinq mois, la ville fut prise d'assaut, ses défenseurs massacrés et le Temple incendié (en l'an 70) ; déjà un demi-million de Juifs avaient péri ; 10 000 autres furent réduits en esclavage ou livrés aux bêtes.
Jerusalem fut complètement détruite et Titus rapporta à Rome les dépouilles du Temple.



Bien plus tard, en l'an 131, sous le règne de l'Empereur Hadrien, une nouvelle insurrection entraîna par représailles une seconde destruction de Jerusalem. Les Juifs survivants se dispersèrent dans le reste de l'Empire, dont ils constituèrent, selon certains historiens, 10% de la population totale, du moins dans certaines contrées.

C'est Pompee qui en -63, venant de Syrie, était entré pour la 1° fois en Judée avec la 9° Légion et en avait fait une province romaine, à qui il avait donné le nom de Syria Palestina dont est issu le terme de Palestine.
Par une ironie du sort comme il est courant dans l'Histoire, Cnaeus Pompee avait été appelé par deux princes Juifs qui se disputaient le pouvoir, et qui souhaitaient le voir arbitrer leur conflit.

A sa mort, Titus fut remplacé par son ftère Domitien, qui avait un caractère tout différent et ne s'illustra pas par une clémence excessive, bien au contraire.