Entre, Cesar, je t'attendais !

C'est par ces mots que Locuste accueillit Neron, lorsqu'il se présenta pour demander un poison, destiné à lui permettre

de se débarrasser de sa mère Agrippine.
C'est le visage dissimulé sous un capuchon de drap sombre que Neron se présenta, par une nuit ténébreuse et lugubre, dans l'antre sinistre de Locuste, où d'effrayantes créatures, araignées sauvages, oiseaux empaillés, serpents et chauve-souris, se mouvaient au milieu des inquiétantes fioles et mixtures élaborées par la sorcière.


Qui était Locuste ?


Locuste était l'empoisonneuse attitrée de Rome.

 Domitius Ahenobarbus Nero (l'Empereur Neron) n'était pas un inconnu pour Locuste, car il avait déjà eu recours à ses services.
Notamment quand, sur les conseils de sa mère, il s'était chargé de supprimer Britannicus, qui était l'héritier légitime de l'Empire, en tant que fils de l'empereur Claude et de sa 3° épouse Messaline
 Neron était lui-même le fils de Domitius, réputé pour sa cruauté, et de la 4° épouse de Claude, Agrippine II.
Agrippine avait réussi à faire adopter son fils Neron par Claude.
Mais les tentatives de Neron pour faire empoisonner sa mère qu'il jugeait trop envahissante échouèrent à 3 reprises. Car Agrippine se méfiait, connnaissant le procédé qu'elle avait elle-même utilisé pour éliminer Claude, en 54.
En désespoir de cause, Neron résolut, avec la complicité d'Anicetus, d'organiser une promenade en mer pour Agrippine, à bord d'un navire saboté.

L'historien Suetone donne sa version de l'événement :

Neron resté seul maître de Rome, négligea les conseils de son précepteur Seneca qui lui enseignait:
   Le crime est indigne de toi, Neron !
Il assassina son épouse Octavie, à qui il préférait Poppée, qu'il tua à son tour à coups de pied quand il apprit qu'elle était enceinte
Contrairement à une idée très répandue, il ne fut pas responsable de l'incendie qui dévasta Rome en 64 : les maisons étaient alors en bois, les incendies fréquents, et Neron se trouvait à 4 heures de cheval de Rome, lors du déclenchement de l'incendie, selon Tacite.
Cependant il prit prétexte de ce drame pour en faire accuser les Chrétiens, et organiser de terribles persécutions à leur encontre, notamment en :

 Les faisant jeter aux lions


Neron fut contraint au suicide en 68
Car un de ses anciens lieutenants, Galba, profitant du mécontement populaire, s'était révolté contre lui, et marchait sur Rome. Les prétoriens l'ayant abandonné, Neron se savait promis à un supplice cruel.
Il demanda alors à un esclave de le frapper avec un poignard.


Selon certains, ses derniers mots auraient été :
Quel artiste le monde va perdre !
Tandis que d'autres prétendent qu'entendant approcher les cavaliers lancés à sa recherche, qui avaient reçu l'ordre de le ramener vivant, il aurait clamé ce vers d'Homere:

Le galop des rapides coursiers frappe mes oreilles!




Sa mort déclencha une période de grands troubles pour Rome:
Galba, puis Othon, un des anciens compagnons de débauche de Neron, lui succédèrent, mais furent eux aussi assassinés au bout de 6 mois.

Finalement Vespasien, à la tête des légions du Danube, s'imposa face à son rival Vitellius, soutenu par les légions du Rhin.