Les damnés de St-Petersbourg

Une oeuvre résume pour ainsi dire toute l'oeuvre de Pierre le Grand :

La fondation de Saint-Petersbourg, capitale nouvelle de la Russie nouvelle.

L'emplacement chois par le Tsar était à la lisière de la Baltique, route de l'Europe, en territoire pris récemment à l'ennemi, un groupe d'îles basses, formant le delta de la Neva.
Il n'y avait là que des marécages, quelques bois et des landes maussades.
Tout était à créer et l'on n'avait même pas d'outils.
Les premiers ouvriers, 40 000 paysans amenés de force, creusaient avec des bâtons, fouillaient le sol avec leurs mains, transportaient les déblais dans un pan de leur manteau.
Ils couchaient en plein air, manquaient de vivres, mouraient par milliers, sans cesse remplacés.
Les travaux commencèrent en mai 1703 : ils ne furent plus interrompus jusqu'à la mort de Pierre.
La ville s'éleva à coup d'oukases et de knout.
Les constructions, au début, étaient toutes en bois et c'était une maison en bois, copiée des maisons hollandaises que le tsar s'était d'abord construite lui-même.
Mais bientôt il fut interdit sous peine d'exil de bâtir en pierre ailleurs qu'à Saint-Petersbourg.
Tout propriétaire riche dut y faire construire une maison de deux étages.
Aucun navire ne put aborder s'il n'apportait un certain nombre de moellons.
Telle était la volonté du tsar qui surveillait les travaux, payant souvent de sa personne, et cette volonté de fer permit de surmonter tous les obstacles....au prix d'effroyables souffrances pour ces malheureux moujiks.

 Mais les Russes étaient habitués à souffrir...

Et ils souffrirent encore...pendant des siècles...