Le 10 octobre 1913, à 3H30, le lieutenant de quart du 4-mâts
LOIRE NANTES De l'armement Bordes
aperçut une épave dans la nuit sombre, par 28°58S et 89°54O.
Un grand navire était couché sur l'eau, et l'oeil collé à l'oculaire de la lorgnette permit d'observer que des survivants se pressaient sur la coque.
Au lever du jour, on put observer le nom qui s'inscrivait à la poupe du navire démâté et couché sur l'eau:
DALGONAR LIVERPOOL
Et l'on put dénombrer les malheureux qui se pressaient sur l'épave, les pieds dans l'eau: 26. On sut par la suite que le 3-mâts parti de Callao le 23 septembre avait chaviré le 9 octobre à 15H30, pris dans une violente tempête
Helas, la tempête qui continuait ne permettait pas au Loire d'envoyer de chaloupes de secours. La Loire se maintint aux abords de l'épave pendant plus de 2 jours sans rien pouvoir faire, si ce n'est envoyer régulièrement ce message d'espoir aux malheureux survivants:
Nous ne vous abandonnerons pas !
Le 13 octobre, à l'aube, le Commandant Jaffré décida d'en finir, malgré le danger. Il fit lancer le message tant attendu
Je viens à votre secours
Une baleinière fut mise à l'eau, commandée par le Lieutenant Cadic, second de la Loire, et au prix de risques extrêmes réussit à ramener en 2 voyages les 26 rescapés. L'opération dura jusqu'à midi.
Seuls manquaient à l'appel le Capitaine Isbester, le cuisinier et 2 matelots, emportés par une énorme vague lorsqu'ils avaient tenté sans succès de mettre une chaloupe à la mer.
La Loire rentra à Dunkerque le 5 janvier 1914 à la marée du soir.
Helas, ce qu'ignoraient les malheureux des deux bords, c'est que ce salut n'était que provisoire, car quelques mois plus tard tous allaient être entraînés dans une autre tourmente tragique: la guerre civile de 14-18...
Le Lieutenant Mull, second du Dalgonar, raconta que lorsqu'il mit le pied sur la Loire, il vit le Capitaine Jaffré qui se tenait sur la dunette et pleurait comme un enfant.
Et une semaine plus tard, l'épave flottait toujours, à la dérive, puisque le trois-mâts
